Johnny Samuele Baldi (Archéologue doctorant Ifpo Beyrouth)
En disant que « we live in collectives [of humans and not-humans], not societies », Bruno Latour (1999 : 193) exprime génialement une évidence à la fois archéologique et quotidienne. Quitte à contredire la vision traditionnellement platonicienne de la culture comme ensemble d’Idées abstraites et intangibles, cela souligne les aspects concrets de cette même culture, où rites, hiérarchies, principes, règles, droits ne pourraient avoir aucune existence et efficacité s’ils n’étaient pas liés par des jonctions matérielles. Comme pour exprimer que la dissidence politique ou la répression, en tant qu’idées parmi d’autres, ne peuvent être réduites à des séries interminables d’objets, mais, en même temps, ne peuvent exister sans tracts, journaux, menottes, tables de discussions, livres, stylos, instruments de censure, bulletins de vote, etc. Sans une matérialité faite, entre autres, de geôles, hommes, portes métalliques, femmes, bâtons, enfants, câbles électriques, la dissidence politique et sa répression ne seraient, en Syrie comme ailleurs, que des expressions rhétoriques.
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