Comme une mémoire, Maison d’Izieu, 2001

Dominique Gauthey – 31 mars 2013

Invité en résidence d’artiste à la Maison d’Izieu, en 2000, je ne savais rien de ce lieu. Ou si peu. Guère plus en tout cas que les quelques souvenirs télévisuels que m’avait laissé le procès de Klaus Barbie, en 1987, qui avait par la suite, joué un rôle important dans le processus d’inscription de la Maison sur la liste des monuments historiques (1991). Continuer la lecture

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Première approche du prisme

Mis en avant

Guylaine Dartevelle

« fouiller » et « restaurer » la mémoire archéologique
– Résistance, refuge, traces, empreintes, minorités –

[…] les données archéologiques sont ici, avec nous […] elles sont fondamentalement partie intégrante de notre environnement contemporain et les observations que nous pouvons faire sur elles n’ont d’autre sens qu’ici et maintenant, dans la relation de contemporanéité qu’entretiennent les vestiges archéologiques avec nous […] . [Cela signifie que] l’archéologie n’est pas un domaine qui permet d’étudier directement le passé […]. Il s’agit au contraire d’un champ qui dépend totalement de l’impact qu’ont sur le passé les choses trouvées dans le monde contemporain 1.

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Prisons et camps d’internement politique dans le monde arabe : rêve d’un chantier mémoriel et matériel en temps révolutionnaires

Johnny Samuele Baldi (Archéologue doctorant Ifpo Beyrouth)

Wilde (1909 : 58, 13) avait probablement raison de croire que “where there is sorrow there is holy ground” et que “the supreme vice is shallowness”. Mais de la part d’un reclus (en tant qu’homosexuel) à Reading Gaol, il était probablement trop facile de constater que la terre toute entière déborde, d’une part, de souffrance digne de considération et, de l’autre, d’indifférence généralisée. La mémoire collective (Halbwachs 1941) d’un évènement ou d’un phénomène, au contraire, est une construction sociale qui se fait sur – et contre – l’indifférence de ceux qui n’en ont pas été protagonistes. Dans la plupart des cas, les protagonistes se font témoins des seuls aspects lumineux de l’histoire, en gardant un silence prudent, apeuré ou traumatisé sur les autres (Bermejo Barrera 1999, 2002). Tandis que souvent, pour les rares témoignages qui percent ce silence, la mort naturelle des protagonistes ramène à la normalité l’équilibre entre souffrance et indifférence, de manière à ce que la deuxième l’emporte sur la première.
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Avant l’oubli ou les commémorations rhétoriques : pour une mémoire matérielle de l’internement politique en Syrie

Johnny Samuele Baldi (Archéologue doctorant Ifpo Beyrouth)

En disant que « we live in collectives [of humans and not-humans], not societies », Bruno Latour (1999 : 193) exprime génialement une évidence à la fois archéologique et quotidienne. Quitte à contredire la vision traditionnellement platonicienne de la culture comme ensemble d’Idées abstraites et intangibles, cela souligne les aspects concrets de cette même culture, où rites, hiérarchies, principes, règles, droits ne pourraient avoir aucune existence et efficacité s’ils n’étaient pas liés par des jonctions matérielles. Comme pour exprimer que la dissidence politique ou la répression, en tant qu’idées parmi d’autres, ne peuvent être réduites à des séries interminables d’objets, mais, en même temps, ne peuvent exister sans tracts, journaux, menottes, tables de discussions, livres, stylos, instruments de censure, bulletins de vote, etc. Sans une matérialité faite, entre autres, de geôles, hommes, portes métalliques, femmes, bâtons, enfants, câbles électriques, la dissidence politique et sa répression ne seraient, en Syrie comme ailleurs, que des expressions rhétoriques.

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Eux et Nous.

Notes éparpillées sur l’imaginaire archéologique et la représentation des hommes du passé

Johnny Samuele Baldi (Archéologue doctorant Ifpo Beyrouth)

Un imaginaire qui se cherche

Au début du XIVe siècle, Simone Martini et Giotto di Bondone étaient séparés par l’âge, les traditions artistiques et l’antagonisme économique, politique et culturel entre Sienne et Florence. Le premier, siennois et plus jeune d’environ dix-huit ans, explorait des voies pour intégrer la plasticité au cadre « précieux » de l’art gothique. Le deuxième, mûri au sein du « classicisme » florentin, avait largement dépassé les normes figées et hiératiques de la peinture précédente pour y insuffler le plaisir du dynamisme narratif. Cependant, bien que par des chemins souvent opposés, tous les deux exprimaient une césure définitive par rapport aux conventions artistiques et culturelles du Moyen Âge. L’individualisme de leurs figures, chacune marquée par une expression et des traits caractéristiques, brisait l’esprit « communautaire-égalitaire » gravé dans la tradition chrétienne ; en même temps, une perspective empirique et rudimentaire, ainsi qu’un soin inouï pour les détails matériels introduisaient les hommes et les objets représentés dans une narration qui, pour la première fois, se voulait « historique ».

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Appel à projet MSH Paris Nord 2012

AXE n°4 : PENSER LA VILLE CONTEMPORAINE
Thème n° 1 : « Mémoire et territoires : actions, représentations, narrations »

Enquête sur le paradigme archéologique, comme lisibilité des formes du processus mémoriel et méthodologie de l’indice dans l’espace urbain, passé et contemporain (XXe siècle)

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Du sublime et autres lieux de consommation

Guylaine Dartevelle

C’était un de ces faux jours d’été1, où le soleil paraissait déjà bas, et où les premières pluies avaient déjà jauni les feuilles. En ce jour de dimanche, le métro égrénait les 14 stations qui nous séparaient de notre destination. Les voyageurs, pour certains revenaient de vacances, d’autres allaient visiter la famille en banlieue. C’était un itinéraire un peu « modianesque ». On distinguait une certaine gravité sur les visages un peu chiffonnés, une fatigue apparente. Peut-être la nuit avait-elle été raccourcie par la durée d’un trajet en avion. Continuer la lecture

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Tristan

Guillaume Hélin

1
Il était une fois il y a bien longtemps
Un garçon très taciturne appelé Tristan
Toujours la tête ailleurs à rêver d’aventures
A travers le monde de richesses futures
Un beau soir seul tout haut dans le noir il rêvait
La lune avait très tôt du quitter son chevet
Prendre le large voir là où immensément
Sous l’influence de la lune au firmament
L’océan se renverse et renverse l’océan
Berçant dans les abysses les calmars géants
Nul ne sait au juste le nombre de ces bêtes
Dont le grand cachalot de son énorme tête
Traversant les ténèbres descend se repaître
N’écoutant que son cœur il doit croire renaître

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