Notes éparpillées sur l’imaginaire archéologique et la représentation des hommes du passé
Johnny Samuele Baldi (Archéologue doctorant Ifpo Beyrouth)
Un imaginaire qui se cherche
Au début du XIVe siècle, Simone Martini et Giotto di Bondone étaient séparés par l’âge, les traditions artistiques et l’antagonisme économique, politique et culturel entre Sienne et Florence. Le premier, siennois et plus jeune d’environ dix-huit ans, explorait des voies pour intégrer la plasticité au cadre « précieux » de l’art gothique. Le deuxième, mûri au sein du « classicisme » florentin, avait largement dépassé les normes figées et hiératiques de la peinture précédente pour y insuffler le plaisir du dynamisme narratif. Cependant, bien que par des chemins souvent opposés, tous les deux exprimaient une césure définitive par rapport aux conventions artistiques et culturelles du Moyen Âge. L’individualisme de leurs figures, chacune marquée par une expression et des traits caractéristiques, brisait l’esprit « communautaire-égalitaire » gravé dans la tradition chrétienne ; en même temps, une perspective empirique et rudimentaire, ainsi qu’un soin inouï pour les détails matériels introduisaient les hommes et les objets représentés dans une narration qui, pour la première fois, se voulait « historique ».